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Masque oiseau Chikwekwe Ce masque chokwe représente Chikwekwe, un esprit ancestral qui prend la forme d’un calao arboricole
du même nom. Les mascarades ancestrales des Chokwe, appelées akishi (sing. mukishi en Angola ou
makish/likishi en Zambie), se déroulent habituellement dans le cadre du mukanda, rite de passage des garçons vers l’âge adulte. Chikwekwe est l’un de ces
personnages akishi qui, dotés de différents attributs
physiques, prennent un visage public pour aider
spirituellement les initiés et éduquer le public sur
divers sujets allant des valeurs morales à la religion
en passant par la cosmologie et la conception
du monde. Chikwekwe possède des pouvoirs extraordinaires. Le
calao annonce le lever du soleil mais il est symboliquement
perçu comme une créature de la nuit,
accomplissant ses exploits surnaturels dans un
monde auquel ont accès très peu d’humains. Les
attributs ambigus de Chikwekwe, liés à des choses
cachées et invisibles (l’obscurité qui précède le lever
du soleil), renvoient à l’initiation très secrète des
hommes adultes, connue sous le nom de mungonge.
Un ami chokwe, du nom de Bernard Mukuta
Samukinji, dit ce qui suit sur les masques de
Chikwekwe : « Les jeunes hommes accomplissent
ces choses pour le mukanda, mais, en fait, le
masque [Chikwekwe] symbolise un pouvoir surnaturel
extrême qui n’est invoqué de façon privée par
les hommes que le soir », à l’heure où s’animent les
êtres inquiétants qui menacent et torturent les initiés
du mungonge. On peut donc voir en Chikwekwe un
personnage ancestral assez ambigu qui donne accès
à d’extraordinaires pouvoirs. La contrepartie symbolique
du calao est la cigogne, Nkumbi, qui est également
personnifiée par un masque. Elle est associée à
la lumière du jour et définie comme un oiseau
solaire qui annonce le soir. Différents peuples
d’Angola, de Zambie et de République démocratique
du Congo – les Lunda, Luvale, Luchazi, Mbunda et
autres peuples liés aux Chokwe – organisent également
des akishi avec des oiseaux sauvages (calao,
cigogne) ou domestiques (pintade, coq). • Manuel Jordan • Arts d’Afrique et d’Océanie. Fleurons du musée Barbier-Mueller, musée Barbier-Mueller & Hazan (éd.), 2007 : p. 224.
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